Le groupe Mowi, leader mondial de la production de saumon, se retrouve dans une situation embarrassante. Après une tempête ayant endommagé l’un de ses enclos en Norvège, 27 000 saumons se sont échappés dans la nature. L’entreprise tente de limiter la casse en offrant 43 euros de prime par poisson capturé. Une mesure dérisoire face aux conséquences écologiques dénoncées par les défenseurs de l’environnement.
Un désastre environnemental annoncé
L’évasion de ces poissons d’élevage n’est pas une simple anecdote. Selon Norske Lakseelver, une organisation de protection des rivières norvégiennes, cet événement représente un véritable danger pour les populations de saumons sauvages. En cause :
- Une perte de diversité génétique due aux croisements avec les saumons d’élevage, beaucoup moins résistants.
- Un risque accru d’infections par les poux de mer, fléau déjà bien connu des piscicultures.
- Une survie réduite des hybrides, rendant leurs descendants inadaptés à la vie sauvage.
Les études montrent que ces poissons issus de l’élevage, bien que plus gros, sont bien moins compétents dans la nature. En clair, une fois mélangés aux populations sauvages, ils affaiblissent l’ensemble de l’espèce.
Une prime ridicule face aux enjeux
Face à l’urgence de la situation, Mowi tente de colmater la brèche en encourageant les pêcheurs locaux à récupérer les saumons échappés. Chaque poisson ramené rapporte 43 euros. Une incitation économique qui pourrait séduire les amateurs de pêche, mais qui soulève plusieurs questions.
- Est-il réellement possible de récupérer une proportion significative des poissons évadés ?
- Ces saumons ayant déjà gagné les rivières et la mer, leur capture ne risque-t-elle pas d’affecter d’autres espèces ?
- La responsabilité de Mowi dans cette catastrophe sera-t-elle engagée, ou l’affaire sera-t-elle vite oubliée ?
Cette stratégie ressemble plus à une opération de communication qu’à une véritable solution. Pendant ce temps, la pisciculture industrielle continue d’exposer l’environnement à des risques majeurs sans réelles conséquences pour les entreprises impliquées.
L’élevage intensif en ligne de mire
Ce n’est pas la première fois que l’élevage de saumons est pointé du doigt pour son impact écologique désastreux.
- Pollution des eaux due aux déjections des poissons.
- Utilisation massive d’antibiotiques pour éviter la propagation des maladies.
- Fuite régulière de poissons d’élevage dans la nature, entraînant des perturbations dans les écosystèmes.
Avec une production annuelle de plus de 1,2 million de tonnes, la Norvège est le premier exportateur mondial de saumon. Mais derrière cette réussite économique se cache une réalité plus sombre : la disparition progressive des populations sauvages. Même le ministre norvégien de l’environnement reconnaît que le saumon de l’Atlantique est en danger.
Alors que les consommateurs continuent d’acheter du saumon sans se poser de questions, des milliers de poissons d’élevage modifiés envahissent les cours d’eau. La prime de Mowi suffira-t-elle à masquer les dérives du secteur ? Rien n’est moins sûr.