La chasse à la marmotte, cet animal emblématique de nos montagnes, fait de nouveau parler d’elle. En Savoie, malgré les critiques croissantes des associations de défense des animaux, la pratique reste légale et suscite une vive polémique. Mais pourquoi s'acharne-t-on sur cet animal inoffensif alors qu’il est déjà victime du changement climatique et de la dégradation de son habitat naturel ?
Une tradition qui persiste contre vents et marées
Les défenseurs de la chasse, comme la Fédération de chasse de Savoie, brandissent l'argument classique de la régulation des populations. Selon eux, la marmotte serait un nuisible pour les agriculteurs, rendant cette chasse nécessaire pour préserver les terres agricoles. En réalité, les chiffres racontent une autre histoire : en 2023, plus de 500 marmottes ont été abattues en Savoie, une augmentation de 22 % par rapport à l’année précédente. On peut légitimement se demander si cette « régulation » n’est pas plutôt une excuse commode pour perpétuer une tradition archaïque.
Une espèce sous pression, protégée ailleurs
Il est frappant de constater que, tandis que la France permet encore cette pratique, la chasse à la marmotte est interdite chez nos voisins italiens depuis 1992. Pourtant, la marmotte est inscrite à la Convention de Berne, un accord international visant à protéger la faune sauvage. Mais cela semble être un détail pour ceux qui préfèrent le plaisir du fusil aux préoccupations écologiques.
Les associations de défense des animaux, comme l’AJAS (Association Justice Animaux Savoie), ne décolèrent pas. Elles soulignent que la marmotte est une espèce déjà affaiblie par le changement climatique, qui réduit son habitat. Alors, faut-il encore la traquer pour assouvir des traditions d’un autre âge ?
Une opinion publique de plus en plus hostile
Les partisans de la chasse à la marmotte affirment que cette pratique reste ancrée dans les mœurs locales. Mais la réalité sur le terrain est tout autre. Les habitants, particulièrement en Savoie, sont de plus en plus nombreux à s’insurger contre cette chasse jugée cruelle et inutile. À ce jour, une pétition lancée pour l’interdire a déjà recueilli près de 100 000 signatures, témoignant d’un rejet croissant.
"Les gens sont choqués que l’on puisse tuer des marmottes pour le plaisir", déclare Pauline di Nicolantonio, présidente de l’AJAS. Et à juste titre, car si l’on devait choisir entre protéger une espèce fragile ou maintenir une activité de loisir, le choix semble évident... pour tout le monde, sauf pour les chasseurs.
L'avenir de la chasse à la marmotte en suspens
Face à la montée des critiques, combien de temps cette pratique pourra-t-elle encore survivre ? Le gouvernement reste silencieux, tandis que les associations continuent de mettre la pression pour que la France rejoigne enfin l’Italie en interdisant cette chasse. Pour l'instant, la marmotte reste une cible en sursis, et les défenseurs de l'environnement n'ont pas dit leur dernier mot.
Voilà pourquoi certains veulent préserver un héritage, et d'autres crient aux traditions dépassées. La question reste ouverte, mais une chose est sûre : la marmotte n’a pas fini de diviser.