Enquête exclusive : les chasseurs menacent ils vraiment la survie des blaireaux comme le crie les écolos ?

Eric Lechasseur
Par LeChasseur
Enquête Exclusive Les Chasseurs Menacent Ils Vraiment La Survie Des Blaireaux Comme Le Crie Les écolos

Encore ce jour, j'ai eu écho d'une action entreprise auprès d'un préfet pour interdire le déterrage des blaireaux qui selon cette association écologiste, serait inutile, mais mettrait aussi en danger l'espèce.

Ici, on n'aime pas prendre pour argent comptant les dires d'une seule partie. Nous avons donc entrepris une grosse étude et synthèse des différentes études menées ces dix dernières années afin de proposer une vision plus globale et nuancée.

La population du blaireau européen (Meles meles) en France métropolitaine est généralement considérée comme stable ou en légère augmentation au cours des dix dernières années. Les synthèses scientifiques et institutionnelles disponibles indiquent un bon état de conservation de l’espèce et même une tendance à l’expansion dans de nombreuses régions. Ci-dessous sont présentées les tendances observées, les estimations d’effectifs et de densité, ainsi que les principaux facteurs pouvant expliquer les variations de population, d’après des sources fiables (études scientifiques, OFB, ONG de conservation, etc.).

Tendances récentes de la population

Plusieurs indicateurs convergent vers une absence de déclin et même une progression locale des populations de blaireaux sur la dernière décennie. L’Office français de la biodiversité (OFB) signale que le blaireau est présent sur l’ensemble du territoire (hors Corse) et ses populations sont jugées en bon état de conservation, avec des effectifs qui seraient en expansion. De fait, les observations de blaireaux, notamment les collisions routières, sont en hausse ces dernières années, reflétant possiblement une augmentation des effectifs.

Cette tendance à la hausse modérée est illustrée par des suivis locaux. Par exemple, en Loire-Atlantique, l’indice kilométrique d’abondance (IKA) moyen du blaireau a été multiplié par trois entre 2010 et 2019, témoignant d’une forte augmentation locale de la population. Des inventaires de terriers dans ce département montrent aussi une légère progression du nombre de tanières actives sur la période 2007–2019. À l’échelle nationale, les analyses menées par l’ex-ONCFS confirment une dynamique positive : les indices de densité relatifs calculés à partir de données de terrain entre 2001 et 2012 indiquent une tendance générale à l’augmentation. Dans de nombreux départements, les autorités soulignent un caractère « non déclinant » des populations locales de blaireaux sur la dernière décennie.

L’espèce ayant un rythme reproducteur lent (une seule portée par an chez environ 30 % des femelles, et une forte mortalité des jeunes), les populations naturelles restent relativement stables d’une année sur l’autre. Les hausses observées localement s’apparentent plutôt à un rétablissement progressif des effectifs après les fortes pressions subies par le passé (gazage des terriers, campagnes d’éradication liées à la rage, etc.). Sur la période récente, la population de blaireaux en France métropolitaine semble donc s’être maintenue à un niveau élevé et poursuit une lente recolonisation des milieux favorables, sans signe de déclin généralisé.

Estimations d’effectifs et densité de population

Il n’existe pas de recensement exhaustif des blaireaux en France, et la dynamique de l’espèce reste mal connue quantitativement. Néanmoins, les experts disposent de quelques estimations globales. La population française de blaireaux est ainsi évaluée aux alentours de 150 000 individus, voire jusqu’à 200 000 d’après certaines sources, ce qui indique une population abondante, répartie sur tout le pays.

En termes de densité, les valeurs varient considérablement selon les habitats et les régions. Un rapport de l’ANSES estimait que la densité des blaireaux adultes se situe typiquement entre 0,1 et 1 individu pour 100 hectares (soit 1 à 10 pour 1 000 ha). Cela équivaut à environ 0,1 à 1 blaireau par km² dans les zones occupées, avec des densités faibles dans certains milieux (haute montagne, zones sèches) et plus élevées dans d’autres (bocages riches en haies, forêts mixtes tempérées). Comparées à celles d’autres pays européens, les densités françaises sont intermédiaires : nettement plus basses que dans certaines régions du Royaume-Uni, mais supérieures aux densités observées en zone méditerranéenne. Sur le terrain, le blaireau vit en groupes familiaux (clans) d’environ 5 à 10 individus partageant un même réseau de terriers. Chaque clan exploite un territoire dont la taille varie selon la richesse du milieu, ce qui explique la faible densité moyenne d’adultes reproducteurs.

Facteurs influant sur les effectifs

Chasse et gestion cynégétique

Le blaireau est une espèce chassable en France. La chasse se pratique à tir durant la saison générale (septembre à février) et par vénerie sous terre sur des périodes spécifiques. Les estimations font état d’environ 15 000 à 20 000 blaireaux tués chaque année, tous modes confondus.

Cette pression cynégétique soutenue est susceptible de limiter localement les effectifs, mais à l’échelle nationale elle n’a pas entraîné de déclin généralisé, en grande partie parce que l’espèce a cessé d’être classée « nuisible » depuis 1988. Depuis plus de 30 ans, on est passé d’une destruction systématique à une chasse réglementée, ce qui a permis à l’espèce de se reconstituer. Cependant, la vénerie sous terre reste controversée en raison du dérangement en période de reproduction.

Maladies (notamment tuberculose bovine)

Le blaireau peut être porteur de la tuberculose bovine (Mycobacterium bovis). En France, la tuberculose bovine est circonscrite à quelques foyers localisés. Dans ces zones, on peut procéder à des opérations de destruction locale de blaireaux autour des élevages infectés.

Dans la majorité du pays (zone indemne), aucune élimination préventive de l’espèce n’est pratiquée. Historiquement, la rage avait conduit à des campagnes d’empoisonnement affectant renards et blaireaux, mais l’éradication de la rage en France a mis fin à cette menace.

Globalement, aucune épidémie récente n’a provoqué de déclin généralisé.

Évolution de l’habitat et activités humaines

Les modifications du paysage rural et forestier ont eu des effets contrastés. D’un côté, l’accroissement des surfaces forestières, la reconquête de friches et la fin des pratiques destructrices (gazage, empoisonnement) ont largement bénéficié au blaireau.

De l’autre, l’urbanisation croissante, la fragmentation des habitats et la mortalité routière (nombreux individus tués chaque année sur les routes) représentent des pressions notables, notamment pour les jeunes en dispersion. Les dérangements humains (chiens lâchés, destruction de terriers lors de travaux, etc.) peuvent aussi provoquer localement l’abandon de sites.

Finalement qui a raison ?

Sur les dix dernières années, le blaireau est considéré comme un mammifère omniprésent et résilient. Les effectifs se maintiennent à un niveau stable ou en légère hausse, grâce à un contexte plus favorable (protection relative depuis plus de 30 ans, habitats forestiers en extension).

Les estimations chiffrées tournent autour de 150 000 à 200 000 individus au niveau national, avec des densités locales variables (souvent inférieures à 1 blaireau/km² en moyenne). Aucune menace immédiate d’effondrement n’est identifiée, mais la vigilance reste de mise : il importe de maintenir un suivi scientifique plus poussé de l’espèce, de gérer la chasse de façon soutenable et de réduire les facteurs de mortalité évitables (sécurisation des points noirs routiers, etc.).

Tous les acteurs (OFB, associations, chasseurs) s’accordent à reconnaître que le blaireau remplit un rôle écologique utile et que sa conservation à long terme passe par une gestion équilibrée, fondée sur des données fiables.

L'ensemble de ces études montrent bien que la population de blaireaux en France est stable, voire en croissance. On est donc loin du constat alarmant dressé par les associations écologistes, selon lesquelles les chasseurs seraient en train d'éradiquer l'espèce. Le discours serait-il orienté selon des convictions ? À se demander qui veut éradiquer qui.

Toutes les références pour cet article

Office Français de la Biodiversité (OFB) – Données et rapports sur le blaireau
https://ofb.gouv.fr/

Rapports et bases de données de l’ex-ONCFS (Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage), intégrées depuis 2020 à l’OFB
https://ofb.gouv.fr/

Agence Nationale de Sécurité Sanitaire (ANSES) – Avis et rapports sur la tuberculose bovine et la faune sauvage
https://www.anses.fr/

Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN) – Liste rouge des espèces menacées
https://www.iucnredlist.org/

Fédération Nationale des Chasseurs (FNC) – Statistiques de prélèvement et bulletins cynégétiques
https://www.chasseurdefrance.com/

Études et bilans régionaux (Loire-Atlantique, DDT, rapports de suivi de la faune sauvage, etc.)
https://www.loire-atlantique.gouv.fr/

Publications et communiqués d’associations naturalistes (LPO, FNE, etc.) sur la situation du blaireau en France

LPO : https://www.lpo.fr/

France Nature Environnement (FNE) : https://fne.asso.fr/

Eric Lechasseur
LeChasseur

Bonjour, je m'appelle Eric et je suis passionné par tout ce qui touche à la nature et à la vie sauvage. Depuis mon plus jeune âge, j'ai été élevé dans une famille où la chasse était une tradition et un mode de vie...

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