Le 6 mai dernier, le Conseil d'État a rendu une décision majeure concernant les pratiques de chasse traditionnelle en France, en les jugeant illégales. Cette décision fait suite à des arrêtés gouvernementaux d'octobre 2022, qui ont été annulés, signalant ainsi la fin des chasses aux pantes (filets) et aux matoles (cages) utilisées spécifiquement pour la capture des alouettes. Ces méthodes, désormais jugées non conformes au droit européen, ne peuvent plus être pratiquées, reflétant une évolution notable dans la régulation de la chasse aux oiseaux sur le territoire français.
Impact sur la biodiversité et le droit européen
Le rejet de ces pratiques de chasse par le Conseil d'État repose sur plusieurs fondements légaux, principalement liés à la directive européenne dite "oiseaux" de 2009, qui interdit les techniques de capture massive d'oiseaux sans distinction d'espèces. Cette directive permet des dérogations uniquement sous conditions très strictes, qui n'ont pas été respectées dans le cas des chasses traditionnelles aux alouettes. Les juges ont estimé que le maintien de ces pratiques, au nom de la tradition, ne suffisait pas à justifier l'absence d'autres solutions satisfaisantes.
Les alouettes des champs, qui ont vu leurs populations chuter de 25% depuis 1980, sont particulièrement touchées par ces pratiques. La décision de les protéger pourrait donc avoir un impact positif sur la conservation de cette espèce autrefois commune dans nos campagnes.
Réactions et perspectives futures
Cette décision a été largement saluée par des organismes de protection de l'environnement comme la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO), qui voient en cette interdiction un progrès significatif pour la protection des oiseaux en France. Cependant, elle soulève également des questions sur les futures politiques de gestion de la faune et la capacité des chasseurs à adapter leurs pratiques à des méthodes plus durables et moins intrusives.
Bien que cette décision marque un tournant dans la gestion des traditions de chasse en France, elle ouvre aussi le dialogue sur la manière dont les activités humaines et la conservation de la biodiversité peuvent coexister de manière plus harmonieuse et respectueuse de l'environnement.