Le 11 mai, à l'occasion de la Journée mondiale des espèces menacées, un constat alarmant a été rappelé : en France métropolitaine, près de 20 % des poissons d’eau douce sont aujourd’hui menacés, malgré les efforts de conservation déployés depuis plusieurs années.
Un constat préoccupant sur l’état des populations piscicoles
Sur les 80 espèces de poissons d’eau douce étudiées, 39 % sont classées comme menacées ou quasi menacées, selon la dernière mise à jour de la Liste rouge de l’UICN. Six espèces ont déjà disparu, dont trois endémiques de la France. Quatre sont en danger critique d’extinction, six en danger, et cinq sont considérées vulnérables.
Les causes identifiées sont multiples : réchauffement climatique, pollution des cours d’eau, fragmentation des habitats due aux barrages et digues, prélèvements hydriques ou encore braconnage. Ces pressions s’accumulent et rendent difficile la survie des espèces les plus sensibles.
Les poissons migrateurs en situation critique
Les poissons amphihalins, qui migrent entre la mer et les rivières pour se reproduire, paient un tribut particulièrement lourd. Sur les 13 espèces migratrices recensées, neuf sont menacées ou quasi menacées, et une a disparu.
L’esturgeon européen, la grande alose et l’anguille européenne figurent parmi les espèces les plus en danger. Leur capacité de renouvellement est particulièrement lente : il faut 20 à 25 ans à une femelle esturgeon pour atteindre sa maturité sexuelle. Cela rend toute tentative de repeuplement très lente et incertaine.
Un combat de longue haleine mené par les structures de pêche
Face à ces menaces, la Fédération nationale de la pêche en France (FNPF) et les structures locales de pêche associative sont en première ligne. Leur action s’appuie sur :
- la recherche scientifique et le suivi des populations,
- la restauration de la continuité écologique des cours d’eau,
- la sensibilisation du public à la fragilité des milieux aquatiques,
- et, si besoin, la défense juridique des écosystèmes devant les tribunaux.
Les efforts portent parfois leurs fruits, comme pour le saumon atlantique, dont la situation est passée à « quasi menacée », ou l’apron du Rhône, dont le statut a été révisé de « danger critique » à « en danger ».
Des efforts conséquents, mais une vigilance indispensable
Même lorsqu’une espèce bénéficie de programmes de réintroduction, sa résilience reste fragile. Le saumon, par exemple, est affecté par la hausse des températures de l’eau dans les zones de reproduction, malgré la suppression de barrages sur la Loire et les campagnes de repeuplement.
Les pesticides agricoles représentent une source de pollution récurrente, aggravée par les épisodes de fortes pluies qui entraînent les résidus chimiques vers les rivières.
Une dynamique à surveiller de près
Aucune nouvelle disparition d’espèce n’a été enregistrée cette année, mais cela ne suffit pas à stabiliser la situation. Le rythme de déclin reste élevé pour de nombreuses populations.
Maintenir l’effort collectif apparaît indispensable pour éviter de franchir un seuil irréversible. Le patrimoine piscicole français reste en équilibre précaire, nécessitant à la fois des politiques ambitieuses et une mobilisation constante des acteurs du terrain.