Une pétition lancée par un site belge demande aux plateformes numériques de flouter automatiquement les animaux tués lors de la chasse. Une proposition qui pourrait, à terme, s’élargir au domaine de la pêche et poser question dans le monde des activités de pleine nature.
Une initiative ciblant les images de chasse
Le site AnimalWeb, actif dans la défense des animaux domestiques et sauvages, a mis en ligne une pétition sur MesOpinions.com. Celle-ci s’adresse aux géants du web comme Google, Meta, X et d'autres, afin de leur demander de flouter automatiquement les photos d’animaux tués diffusées sur les réseaux sociaux par des chasseurs.
Le texte réclame également que ces publications soient accompagnées d’un message d’avertissement, laissant à l’utilisateur la liberté d’en afficher ou non le contenu.
Un message fort, porté par une narration émotionnelle
La pétition est rédigée dans un style narratif marqué, évoquant la mise à mort d’un cerf dans une ambiance quasi cinématographique. Elle dénonce ce qu’elle qualifie de transformation d’un animal vivant en trophée visuel et avance que cela « insulte la dignité naturelle » de l’animal.
Ce type de discours vise à mobiliser une audience large, au-delà des cercles militants animalistes habituels, en jouant sur des ressorts émotionnels forts.
La pêche, un prochain terrain de revendication ?
Si la pétition ne mentionne explicitement que la chasse, certains de ses arguments pourraient logiquement être transposés au monde de la pêche. Les images de prises de poissons, parfois ensanglantés, brandis fièrement par les pêcheurs au bord de l’eau ou sur un bateau, pourraient faire l’objet des mêmes critiques.
Les grandes plateformes fonctionnent souvent à partir d’algorithmes de détection visuelle automatisée. Si une telle mesure venait à être adoptée pour les photos de chasse, il est probable que les clichés de pêche soient eux aussi concernés, par extension ou par excès de zèle.
Une inquiétude croissante dans les milieux cynégétiques et halieutiques
Dans les milieux de la chasse, cette initiative est perçue comme une tentative déguisée de restreindre l’expression publique des pratiquants. Le fait de rendre floues les images publiées contribue à cacher la réalité d’une pratique légale et réglementée.
Du côté des pêcheurs, même si le sujet reste pour l’instant en marge du débat, certains s’interrogent déjà : les photos de poissons capturés devront-elles, elles aussi, être floutées ? Et dans ce cas, comment faire la distinction entre la pêche de loisir avec remise à l’eau, la pêche en no-kill, ou la pêche alimentaire ?
Une mobilisation numérique encore limitée
Avec environ 25 000 signatures recueillies, la pétition reste pour l’heure à un niveau modeste. Elle est encore loin d’avoir une portée suffisante pour peser sur les décisions des grandes entreprises du numérique.
Mais elle participe à un mouvement plus large : celui d’une surveillance accrue des contenus liés aux activités de prédation animale, qu’il s’agisse de chasse ou de pêche.
Des enjeux d’image, de représentation et de liberté d’expression
Au-delà de la simple question des photos, ce débat illustre une tension plus profonde autour de la représentation des pratiques de nature dans l’espace public. Pour les chasseurs comme pour les pêcheurs, les réseaux sociaux sont devenus un espace de partage mais aussi d’exposition, parfois de confrontation.
Dans ce contexte, toute tentative de restriction ou de filtrage est perçue comme une atteinte potentielle à une forme de liberté d’expression, et comme une dévalorisation symbolique de pratiques qui font partie du patrimoine culturel et rural.
La question n’est donc pas seulement de savoir si une image doit être floutée, mais de déterminer qui décide de ce qui peut être montré — et pourquoi.