La Dordogne et la Garonne voient actuellement se dérouler une vaste opération de pêche ciblée sur le silure, ce prédateur géant dont la présence inquiète de nombreux spécialistes de la faune aquatique.
Derrière cette initiative, une ambition affirmée : réduire la pression sur les espèces de poissons migrateurs en forte difficulté.
Une campagne massive au cœur de la Basse Dordogne
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Depuis mars 2024, les pêcheurs professionnels mènent une campagne d'envergure sur une vingtaine de kilomètres en aval du barrage hydroélectrique de Bergerac. À l’aide de cordeaux, techniques traditionnelles de pêche passive, près de 1 600 silures ont été extraits en quelques mois, représentant environ 60 tonnes de biomasse.
Cette opération ne constitue pas une première. Une étude conduite entre 2020 et 2023 avait déjà permis de capturer environ 700 silures. Cette année, le rythme s'est accéléré : 900 individus capturés en seulement quatre semaines, avec des spécimens atteignant 2,56 mètres.
Un objectif affiché : protéger les poissons migrateurs
L’opération vise à soulager la pression exercée par le silure sur plusieurs espèces vulnérables, notamment la lamproie marine, le saumon atlantique et la grande alose. Ces migrateurs amphihalins, qui transitent entre la mer et les rivières pour se reproduire, se heurtent à de nombreux obstacles : barrages, pollution et, désormais, prédation accrue.
Selon les analyses, la probabilité de prédation est particulièrement forte à proximité des barrages de Bergerac, Tuilières et Mauzac, transformant ces infrastructures en véritables pièges pour les migrateurs.
Epidor, l’établissement public territorial en charge du bassin de la Dordogne, insiste sur l’urgence : l'état de conservation de la lamproie marine y est jugé très préoccupant, ce qui a entraîné l’interdiction de sa pêche depuis 2023.
Des résultats encore incertains malgré l’ampleur des prélèvements
Malgré ces actions intensives, les résultats restent mitigés. Entre 2020 et 2023, la capture de 670 silures n’a pas permis d'observer de véritable amélioration dans les stocks de poissons migrateurs.
La campagne de 2024, bien plus ambitieuse, permettra-t-elle de constater un effet tangible ? Les premiers bilans sont prudents. La présence très réduite de lamproies marines dans les estomacs de silures capturés dans certains secteurs étonne. Cette absence pourrait s’expliquer moins par une baisse de prédation que par un stock de lamproies extrêmement faible.
La question reste donc entière : ces efforts massifs auront-ils un impact réel sur la survie des migrateurs ?
Un débat houleux autour du statut du silure
En parallèle, des voix dissonantes s’élèvent contre cette campagne de pêche intensive. Certains pêcheurs de loisir, passionnés par la capture du silure pour son gabarit exceptionnel, dénoncent un véritable "massacre". Une pétition circule, regrettant que des spécimens âgés de plusieurs décennies soient tués pour finir transformés en farine animale.
La tension monte au point que des actes de vandalisme ont visé des pièges à silures, témoignant d’une opposition loin d’être anecdotique.
Une stratégie qui soulève encore bien des questions
La lutte contre la surpopulation du silure dans la Dordogne et la Garonne repose sur une équation complexe. D’un côté, la nécessité de sauvegarder des espèces migratrices emblématiques et menacées. De l’autre, la difficulté d’évaluer si l’abattage massif d’un prédateur introduit est réellement efficace, ou s’il ne fait qu’ajouter un élément de plus à l’instabilité des écosystèmes fluviaux.
Alors que l'avenir de la lamproie marine et d’autres migrateurs semble suspendu à ces mesures drastiques, une question persiste : à quel prix et avec quelle certitude ?
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