Le silure, poisson géant venu de l’Est, met le feu aux berges. Apparue en France dans les années 1970, cette espèce colossale continue d’alimenter une véritable guerre intestine entre pêcheurs. Injures, coups de pression, empoignades : la tension monte d’un cran.
Le silure, monstre sacré ou fléau écologique ?
Originaire du Danube, le silure glane aujourd’hui une réputation bien plus large que sa gueule : des supporters fascinés par ses mensurations, des détracteurs inquiets de son appétit. Ce poisson gluant, dépourvu d’écailles, peut atteindre 150 kg pour 2,74 mètres, un gabarit à faire pâlir brochets et sandres. Pour certains, c’est une prise d’anthologie ; pour d'autres, une catastrophe écologique ambulante.
Son succès sur les réseaux sociaux, où des pêcheurs posent fièrement à côté de ces bêtes préhistoriques, agace profondément les puristes de la ligne. On est loin des clichés nostalgiques des années 60 avec un sandre dans chaque main.
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Une colonisation silencieuse… puis brutale
Les premières mentions sérieuses du silure datent d’il y a 15 ans, selon Gilles Brichet, président de la Fédération de pêche de la Charente-Maritime. Depuis, c’est l’invasion. Il aurait colonisé l’immense majorité des cours d’eau français. Résultat : des scènes de pugilat à la mise à l’eau, entre pêcheurs à la carpe et amateurs de sensations XXL.
Certains syndicats de rivières parlent de “vampirisme écologique” : le silure serait un prédateur quasi omnivore, avalant jeunes poissons, oiseaux, voire petits mammifères. Face à ça, les défenseurs du silure rétorquent que la nature s’équilibre d’elle-même, et que la surpêche ou la pollution sont des causes bien plus sérieuses du déclin piscicole.
Des tensions qui débordent hors de l’eau
Les querelles dépassent aujourd’hui les forums Facebook ou les pontons au lever du jour. Des témoignages rapportent des altercations physiques, parfois même des plaintes déposées. Entre ceux qui veulent “dézinguer” le silure à coup de harpon artisanal, et ceux qui militent pour sa protection comme poisson sportif, le fossé se creuse.
Plusieurs fédérations départementales s’en mêlent. Certaines prônent l’abattage systématique, d’autres adoptent une position plus prudente, reconnaissant le potentiel économique de cette pêche spécifique (guides, matériel, tourisme halieutique).
Quand la pêche devient politique
Au fond, cette bataille dépasse le simple cadre de la ligne. On assiste à une fracture culturelle : d’un côté, les tenants d’une pêche traditionnelle, patrimoniale, axée sur les espèces “historiques” comme le brochet ou la truite. De l’autre, les partisans d’une pêche moderne, sportive, orientée vers des cibles exotiques et imposantes.
Le débat touche aussi à la question de la gestion des milieux aquatiques : faut-il intervenir ou laisser faire ? Peut-on réguler une espèce qui, dans certains secteurs, s’est déjà installée comme apex predator ?
Et maintenant ?
Tant que le silure suscitera des passions aussi opposées, la ligne de fracture ne risque pas de se refermer. Chaque rivière devient un champ de bataille idéologique. Et pendant que les pêcheurs s’étripent, le silure, lui, continue de nager en eaux troubles… bien au calme.
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