Quelle couleur voit le mieux le brochet et donc quel leurre choisir pour l’ouverture de la pêche 2025

J-1 avant la tant attendue ouverture. Pile le timing pour une dernière info qui peut tout changer sur votre journée pêche de demain.

La vue du brochet est un sujet de discussions récurrentes chez les pêcheurs. Sait-il réellement distinguer les couleurs ? Les leurres colorés ont-ils un effet sur ses attaques ?

À l’approche de l’ouverture, un éclairage scientifique permet de mieux comprendre comment ce carnassier perçoit son environnement.

Une vision construite pour chasser à vue

Le brochet (Esox lucius) est un prédateur visuel, habitué à capturer ses proies en pleine lumière. La forme de sa tête illustre bien cette spécialisation. Deux sillons en forme de V creusés dans la mâchoire supérieure prolongent son museau. Cette configuration lui permet d’élargir son champ de vision vers l’avant, malgré la position latérale de ses yeux. Le brochet parvient donc à regarder droit devant lui, avec une vision binoculaire, un avantage rare chez les poissons.

Cette perception en trois dimensions est un atout pour évaluer précisément les distances lors de l’attaque. Son champ visuel optimal se situe autour d’un mètre, une portée adaptée aux embuscades dans des eaux claires ou modérément teintées.

Un prédateur sensoriel complet, même sans la vue

Malgré cette capacité visuelle bien développée, la vue n’est pas indispensable à la survie du brochet. Des études ont montré qu’un individu privé de vision reste capable de capturer ses proies grâce à son système de détection des vibrations, via la ligne latérale.

Cela souligne la complémentarité de ses sens et rappelle que la vue, bien que précieuse, n’est qu’un outil parmi d’autres dans son arsenal de chasse.

Détails anatomiques : des outils optiques bien rodés

Chez les jeunes individus, jusqu’à environ vingt centimètres, on observe sous les yeux des lignes noires appelées larmiers. Ces marques, comparables à un maquillage coulé, limitent les reflets venant du bas et permettent au brocheton de mieux focaliser son regard vers le fond.

Cela améliore sa capacité à repérer des proies situées en dessous de lui. En vieillissant, ces traits s’estompent, sauf chez certaines sous-espèces comme le brochet aquitain ou le pickerel nord-américain, qui les conservent à l’âge adulte.

Autre singularité, la cornée jaune du brochet filtre naturellement les ultraviolets et les lumières froides (bleues et violettes), ce qui réduit l’éblouissement près de la surface. Ces teintes lui apparaissent noires, car il ne peut pas les percevoir.

Une vision des couleurs limitée mais fonctionnelle

Sur le plan de la perception des couleurs, le brochet est doté de deux types de cônes rétiniens, là où l’humain en possède trois. Cela le classe dans la catégorie des animaux dichromates, à la vision colorée restreinte.

Il distingue correctement les teintes vertes, jaunes, oranges et rouges, mais ne perçoit pas les bleus, qui tombent sous le seuil d’absorption de sa cornée.

Comparé à d’autres poissons comme la perche ou le sandre, il se situe dans la moyenne. À l’opposé, certaines espèces dites « poissons blancs », comme le gardon, disposent de quatre types de cônes et peuvent même détecter les ultraviolets. À leurs yeux, notre propre vision semble incomplète.

Eau teintée, eau turbide : des conditions visuelles bien différentes

La nature de l’eau a une influence directe sur l’efficacité de la vision du brochet. Une eau turbide, typique des crues ou des fonds vaseux, contient des particules en suspension qui diffusent la lumière et empêchent la formation nette des images sur la rétine. Dans ces conditions, la vue devient presque inutile, et le brochet doit se reposer sur d’autres sens. En revanche, une eau teintée mais limpide – comme on en trouve dans certains lacs nordiques – modifie la perception des couleurs mais pas celle des formes.

Le brochet conserve alors une capacité d’analyse visuelle correcte, en s’appuyant davantage sur les contrastes et les mouvements.

Comparaison avec le sandre : deux visions, deux stratégies

Face à des conditions de faible luminosité, c’est le sandre qui l’emporte nettement. Ce dernier est équipé d’un tapetum lucidum, une membrane située au fond de l’œil qui agit comme un miroir, renvoyant la lumière vers la rétine pour en maximiser la captation.

Grâce à cette adaptation, le sandre peut repérer une proie même dans des eaux très sombres. C’est ce même dispositif qui fait briller ses yeux lorsqu’un flash est utilisé. Le brochet, lui, reste dépendant d’une certaine clarté ambiante pour bien voir, ce qui oriente sa préférence vers des zones bien éclairées ou peu profondes.

Ouverture 2025 : quelles couleurs de leurres privilégier ?

À l’ouverture de la pêche du brochet ce samedi 26 avril 2025, les conditions printanières risquent d’être marquées par des eaux légèrement teintées voire troubles, en raison de la fonte des neiges ou des récentes pluies. Dans ces situations, il est recommandé d’écarter les leurres aux teintes froides comme le bleu ou le violet, qui sont invisibles pour le brochet. Les couleurs les plus adaptées sont celles qu’il distingue naturellement : le jaune, le chartreuse, l’orange, le rouge, voire certaines teintes vertes intenses.

Les modèles bicolores (ex. blanc-rouge, orange-noir) permettent de créer des contrastes plus marqués, ce qui améliore la détection dans une eau chargée. Il est aussi judicieux d’opter pour des finitions mates ou légèrement pailletées, en particulier par ciel couvert.

Dans les zones peu profondes ou bien exposées au soleil, les leurres très contrastés, aux couleurs chaudes et à la nage irrégulière, sont ceux qui suscitent le plus de suivis et de touches.

À retenir pour ajuster sa stratégie

Le brochet n’a pas la palette visuelle d’un poisson blanc, ni la capacité nocturne du sandre. Sa vue est un outil efficace dans un spectre bien défini, adapté à la chasse de jour en milieux semi-ouverts. Comprendre sa perception des contrastes et des couleurs permet d’ajuster ses choix de leurres avec plus de cohérence.

Au-delà des croyances ou des habitudes, s’appuyer sur les données biologiques permet d’augmenter ses chances de réussite, surtout dans les conditions changeantes du printemps.

Je vous livre mon secret, le leurre qui fonctionne le mieux, c'est celui dans lequel vous croyez le plus.