Face à l'essor de la consommation de truite et de ses produits dérivés, les piscicultures de Normandie sont de plus en plus touchées par des vols de grande ampleur. Les établissements de pêche d'Eure et de Seine-Maritime ont été ciblés à plusieurs reprises par des groupes bien organisés qui n'hésitent pas à s'introduire sur les sites et à piller plusieurs centaines de kilogrammes de truites.
Mais ce n'est pas tout. Dans nos rivières et nos ruisseaux, il n'y a pas que de la truite sauvage. Certaines sont issues de ces piscicultures pour rempoissonner nos cours d'eau. Avec tous ces vols, faut-il craindre pour la saison de pêche ?
Des vols de truites en hausse en Eure et en Seine-Maritime
Le nombre de vols signalés sur les piscicultures du département de l'Eure est en nette augmentation, avec 14 incidents rapportés en 2023. Ce chiffre représente près de la moitié des exploitations locales. Selon Marc Roze, animateur au sein du syndicat des pisciculteurs de Normandie et d'Île-de-France, ces méfaits ne se limitent plus à l'Eure puisqu'ils gagnent également du terrain en Seine-Maritime.
En effet, début janvier 2024, une tentative de vol de truites d'élevage a été signalée dans les bassins de Saint-Wandrille.
Les piscicultures, cibles privilégiées pour les voleurs
Parmi les témoignages recueillis auprès des responsables d'établissements piscicoles, on note que les malfrats adoptent différents stratagèmes pour s'emparer des truites les plus conséquentes. Voici quelques éléments qui ressortent :
- Les voleurs sont équipés de matériel adapté pour pénétrer sur les sites et capturer les poissons, tels que filets de pêche, cuissardes, etc.
- Ils agissent généralement en groupes de plusieurs individus et se montrent particulièrement organisés dans leurs actions.
- Des traces de sang ont été relevées sur les bords des bassins, laissant penser que les poissons sont étourdis avant d'être emportés, plutôt que transportés vivants.
La popularité croissante de la truite expliquerait-elle ces vols ?
La truite est aujourd'hui le cinquième poisson le plus consommé en France, avec une demande en constante augmentation. En témoigne l'évolution du marché des produits fumés où elle gagne du terrain face au saumon. Cette tendance semble s'accentuer non seulement pendant les périodes festives, mais également tout au long de l'année.
Selon Marc Roze, il n'est donc pas étonnant que la truite attire ainsi les convoitises. Plusieurs facteurs expliquent cette appétence :
- Le fait qu'elle soit produite localement joue en sa faveur auprès des consommateurs français.
- La qualité de sa chair et son aspect esthétique séduisent.
- La facilité avec laquelle on peut la préparer constitue un atout supplémentaire.
- Son prix plus abordable que celui du saumon séduit également, en procurant une satisfaction client similaire.
Des mesures nécessaires pour protéger les piscicultures
Face à l'essor de ces vols et aux dommages qu'ils occasionnent (pouvant aller jusqu'à plusieurs milliers d'euros), des réunions ont été organisées pour trouver des solutions et protéger les exploitations. Les autorités locales sont également impliquées dans la recherche et l'interpellation des responsables.
Cependant, il est nécessaire que les pisciculteurs prennent conscience de ce fléau et mettent en place des stratégies de défense adaptées pour faire face à cette menace grandissante. Parmi les actions possibles :
- Renforcer les systèmes de surveillance et de sécurité sur les sites (caméras, éclairage, clôtures, etc.).
- Faire appel à des entreprises spécialisées dans la protection des biens et des personnes pour surveiller les lieux et intervenir rapidement en cas d'intrusion.
- Collaborer avec les autres pisciculteurs et les instances professionnelles pour mutualiser les expériences et les moyens face à ces vols.
Le phénomène des vols de truites dans les piscicultures normandes illustre les conséquences de la popularité croissante de ce poisson auprès des consommateurs. Pour éviter de subir des pertes importantes, les exploitants doivent donc adopter des mesures de vigilance et de protection accrues.