L’utilisation de drones dans la chasse est un sujet qui divise et soulève des questions éthiques et pratiques. En Suède et au Japon, deux pays confrontés à des problèmes de surpopulation de gibier, les drones apparaissent comme une solution innovante, mais controversée. Faut-il s'inquiéter de l'arrivée de ces technologies en France ? Voici un tour d'horizon des pratiques en Suède et au Japon, ainsi qu'une réflexion sur l'impact possible sur le territoire français.
La Suède face à la surpopulation de sangliers
En Suède, la population de sangliers a explosé au cours des trente dernières années, passant de quelques centaines d'individus à plusieurs centaines de milliers. Cette croissance pose des problèmes majeurs, notamment pour l’agriculture. En réponse, le gouvernement suédois réfléchit à des mesures pour intensifier la chasse au sanglier. Parmi les propositions étudiées figure l’autorisation de l’utilisation de drones pour localiser les animaux plus efficacement depuis les airs.
Cette proposition a été mal accueillie par une partie des chasseurs suédois, qui dénoncent une violation des principes éthiques de la chasse. Utiliser des drones pour traquer des animaux, surtout pendant les périodes de reproduction, serait une atteinte à une éthique de chasse respectueuse de l'environnement et des cycles de vie naturels des animaux. Les opposants soulignent que cette approche transforme la chasse en une simple gestion des nuisibles, rompant avec la tradition.
Le Japon : drones et hauts-parleurs pour remplacer les chiens de chasse
Au Japon, le contexte est différent, mais le recours aux drones s’impose également. Le pays doit faire face à une invasion croissante de cerfs et de sangliers, causant près de 114 millions d'euros de dégâts agricoles chaque année. En même temps, le nombre de chasseurs a chuté drastiquement, passant de 518 000 à 200 000 au cours des dernières décennies, avec un vieillissement notable de cette population (60 % ont plus de 60 ans).
C’est dans ce contexte que les chasseurs japonais ont commencé à utiliser des drones équipés de hauts-parleurs diffusant des aboiements de chiens de chasse pour effrayer et localiser les gibiers. Après deux ans d’expérimentation, cette méthode a permis de chasser efficacement une centaine de cerfs et de sangliers. Ces drones, coûtant environ 10 700 euros, sont de plus en plus adoptés par les préfectures locales.
Chasse au drone thermique aux USA
vidéo de chasse au drone thermique aux USA.
La France : doit-on s’inquiéter ?
L’arrivée des drones pour la chasse en France pourrait susciter des débats similaires à ceux observés en Suède et au Japon. Si la surpopulation de sangliers est un problème également présent en France, la question éthique pourrait être un frein à l’adoption de ces technologies. En France, la chasse est profondément ancrée dans une tradition où le respect de l’animal et la pratique équitable priment. Autoriser l'utilisation de drones pour traquer les gibiers pourrait être perçu comme une rupture avec ces valeurs.
En termes de législation, l’usage de drones dans la chasse est actuellement interdit en France, selon le code de l’environnement (article L420-3). Cette interdiction est motivée par la volonté de maintenir une chasse équitable et respectueuse, où les technologies ne désavantagent pas les animaux. Toutefois, face à la montée des pressions agricoles et à la nécessité de protéger les cultures, la tentation pourrait être grande d’assouplir ces règles, comme c'est envisagé en Suède.
Faut-il alors craindre un changement de réglementation en France ? Le débat pourrait être relancé si les drones se montrent efficaces pour réduire les dégâts causés par les gibiers sur les exploitations agricoles. Cependant, il est peu probable que les chasseurs français, très attachés à une pratique éthique et respectueuse, acceptent facilement une telle évolution sans une réflexion approfondie sur les impacts environnementaux et sociétaux de ces nouvelles technologies.