Un silure de 2,4 mètres capturé dans la Meuse fait le tour des réseaux et ravive les inquiétudes. Ce poisson venu d’ailleurs colonise les rivières belges à une vitesse inquiétante.
Et pendant que les pêcheurs s'interrogent, les autorités semblent regarder ailleurs.
Une espèce invasive ignorée trop longtemps
Le silure glane, originaire du Danube, s'est lentement mais sûrement imposé dans nos eaux depuis plusieurs décennies. Ce poisson, capable d’atteindre plus de 100 kg, n’a aucun prédateur naturel sous nos latitudes. Résultat : il se reproduit tranquillement, dévore tout sur son passage et transforme l’équilibre des écosystèmes aquatiques.
Sa présence dans la Meuse, la Sambre ou encore la Dendre ne relève plus de l’exception. Elle devient la norme. Le spécimen de 2,4 mètres pêché récemment est un signal d’alarme. Sauf que personne ne semble l’entendre.
Une prédation qui déséquilibre la chaîne alimentaire
Le silure ne fait pas de détail :
- Poissons blancs, perches, brochets, sandres : tout y passe.
- Canetons, poules d’eau, voire jeunes castors : il s’attaque aussi aux animaux de surface.
- On a même vu des vidéos où il tente d’attraper des chiens en bord de rivière.
En introduisant un super-prédateur dans des milieux qui n’y sont pas préparés, on déséquilibre complètement les populations locales. Et quand les carnassiers traditionnels voient leurs proies se raréfier, c’est toute la chaîne de pêche qui en pâtit.
Un vide réglementaire flagrant
Le plus absurde, c’est l’absence de régulation. Aucune mesure sérieuse n’est mise en œuvre pour limiter la prolifération du silure. Pas de quotas, pas de plan de gestion, pas même un suivi scientifique digne de ce nom.
Certains départements en France ont instauré des campagnes de régulation. En Belgique, on se contente de le pêcher pour le fun, quand il mord. Aucun message clair de la part de l’administration sur les risques écologiques ou sur la gestion de l’espèce. C’est la loi du silence.
La pêche sportive face à une bête qui écrase tout
Les pêcheurs sportifs se divisent. Il y a ceux qui célèbrent le silure comme un trophée hors norme. Et il y a les autres, de plus en plus nombreux, qui le considèrent comme un fléau pour les espèces locales et pour la biodiversité aquatique.
Le combat n’est pas équitable. Le silure, c’est une machine. Des mâchoires puissantes, une longévité hors norme, une reproduction rapide, une résistance aux pollutions : il n’a pas sa place dans des rivières équilibrées.
Jusqu’à quand va-t-on regarder ailleurs ?
Le cas du silure dans la Meuse est une illustration parfaite d’un laisser-faire coupable. On attend quoi ? Qu’il n’y ait plus de sandres ni de brochets dans les eaux belges ? Que les petits poissons disparaissent ? Que les populations d’oiseaux aquatiques soient réduites à peau de chagrin ?
Ce poisson, aussi impressionnant soit-il, n’a rien à faire là. Et tant que personne ne prendra la mesure du problème, les rivières belges continueront à se transformer en garde-manger à ciel ouvert pour un intrus venu d’ailleurs.
Il serait temps d’agir, ou d’assumer les conséquences.